Versatiles, opportunistes, impérialistes, tantôt cyniques, tantôt amateurs, mais toujours pétris d’arrière-pensées, les États-Unis ont (presque) toujours tort, ce qui représente un défi aux statistiques de la géopolitique.
Ni pro- ni antiaméricain, cet ouvrage campe les ressorts profonds et ambivalents de la stratégie du nouveau continent sur la période contemporaine, celle qu’on ferait mieux d’appeler l’« ère des Lumières ».
Depuis 1776, les États-Unis nourrissent un projet pour eux-mêmes et le reste du monde. Après un long siècle d’hésitations, Woodrow Wilson et ses Quatorze Points synthétisent l’exceptionnalisme américain et fixent pour longtemps les paramètres structurants du système international : paix républicaine, diplomatie publique, libre échange, autodétermination des nations, maîtrise des armements et, par-dessus tout, la Société des Nations, transfigurée en Organisation des Nations unies. Ce monde que l’Amérique veut repeindre à ses couleurs souffre à l’heure actuelle des mêmes contradictions que les politiques aléatoires des administrations présidentielles successives.
L’ordre wilsonien n’abolit pas les lois de la Realpolitik, contrairement à ses intentions initiales. En fait, il les transforme et les organise au prisme de l’idéal démocratique hérité du XVIIIe siècle. Pour le meilleur et parfois le pire : « America first! ».
Introduction
Le temps des Lumières, notre époque
Le moment Wilson
Prévention et gestion des crises contemporaines : leurs origines sociales, culturelles et nationales
Première partie - le XIXe siècle, entre impérialismes, stabilités hégémoniques et équilibre des puissances
I - Le congrès de Vienne, le concert des nations et la modernité de la stabilité hégémonique
Les principes de Vienne : abolir le brigandage international et restaurer l’ordre par un concert européen
À partir de l’unité allemande, la concertation diplomatique continue de réguler des relations internationales volatiles
II - Le vrai impérialisme américain. De la doctrine Monroe à la guerre contre l’Espagne, 1823-1898
Aux sources de l’ordre contemporain : l’exceptionnalisme et la « destinée manifeste » des États-Unis
À l’assaut de l’empire espagnol en décomposition : un authentique impérialisme
La « destinée manifeste », jusqu’où ?
Deuxième partie : Les avatars du wilsonisme dans la grande parenthèse de 1917-1989
III - Les Quatorze Points de Wilson dans leur contexte
De la richesse à la puissance
Un (trop) long isolationnisme
Les conditions américaines à l’entrée en guerre – les Quatorze Points en perspective
La modernité des Quatorze Points
IV - Wilson à la Conférence de la paix
Les clauses territoriales du traité de Versailles : éviter de nouvelles Alsace‑Lorraine
Les réparations allemandes : premier cas d’école d’injection des normes américaines dans les relations internationales
La Ligue universelle pour la paix : parlement mondial ou sanctuaire de la stabilité hégémonique ?
Les héritiers de Wilson tirent les leçons de ses erreurs
V - L’entre-deux-guerres et la sécurité européenne. Entre réparations allemandes punitives et arms control (Point 4 de Wilson)
Le néo-isolationnisme des Roaring Twenties et la diplomatie businesslike des républicains
La maîtrise des armements
L’arms control après Wilson : entre idéalisme et realpolitik
VI - La sécurité collective : de l’échec initial au succès après 1945
Aristide Briand, exécuteur testamentaire du wilsonisme
De la Charte de l’Atlantique (1941) à la Charte de San Francisco (1945) : la résurgence de l’internationalisme wilsonien
L’alliance atlantique résout la question allemande
L’OTAN sous commandement américain, clé de voûte de la paix
VII - Le libre-échange : du « doux commerce » à la « pax mercatorum » (Points 2 et 3 de Wilson)
La liberté de navigation, socle de la liberté de commerce
Heurs et malheurs du libre-échange au fil des présidences
L’essence politique de l’économie
À quoi sert le commerce ? Servir l’intérêt national
Troisième partie : L’ONU, fille des États-Unis
VIII - Les temps fondateurs
L’organisation dans les limbes (1941-1943)
Si vite, la guerre froide. Les premières années de l’ONU
La plus wilsonienne de toutes : la présidence Eisenhower (1953-1961)
Premières déceptions américaines, premières séquelles
IX - Le wilsonisme sans les États-Unis ? L’ONU, les opérations de paix et les populations
L’émergence du tiers-monde et la cassure des années soixante-dix
« Sécurité humaine » et « regime change » : l’ONU réinterprète deux principes américains
L’ONU d’après-guerre froide crée sa doctrine pour la paix
Opérations multidimensionnelles et traitement socioculturel des crises : l’étude de la MINUSMA, au Mali (2013–2023)
Si l’ONU n’existait pas, il faudrait (quand même) l’inventer. Pertinence et vigueur du wilsonisme
Quatrième partie : Le XXIe siècle sera wilsonien
X - Le jour d’après : spéculations académiques
Penser la fin de la Guerre Froide au temps de l’Union soviétique
Le KO de l’adversaire principal. So what?
La théorie la plus féconde : le soft power de Joseph Nye (1990)
Ce qui est bon pour l’Amérique est encore meilleur pour les autres
XI - Du 11 septembre (1990) au 11 septembre (2001) : quel novus ordo saeculorum ?
La fin en trompe-l’oeil de la Guerre Froide
Non, l’Occident des années quatre-vingt-dix n’a pas humilié la Russie éternelle
Les illusions d’un nouvel ordre mondial
Post-mortem du néoconservatisme
XII - Après l’Irak et l’Afghanistan, le smart power de la nation indispensable
Gagner la bataille des idées : le smart power, feuille de route du xxie siècle néo‑wilsonien
La vraie-fausse rupture d’Obama
Trump et les deux nations
Joe Biden, le dernier wilsonien : multilatéralisme apaisé ou diplomatie autoritaire des valeurs ?
Conclusion. Les points « 0 » et « 15 » de Wilson : « America first » et les droits des communautés
« The World Must Be Made Safe For Democracy »
Sources et bibliographie
Fonds d’archives exploités
Documents écrits ou publiés à caractère de sources
Ouvrages et articles cités
Index
Remerciements